Littéralement sous l'eau ☆ Wyatt & Bar

Il fallait sérieusement commencer à considérer de tenir un calendrier des jours où Bar sait que ce sera une mauvaise journée. Parce que s’il avait su, qu’actuellement il aurai les pieds dans l’eau, dans son propre appartement, seul, à 4h du matin, une sérieuse envie de pleurer et une fatigue si grande sur les épaules qu’une simple remarque un peu délicate le ferait totalement craquer, il n’aurait tout simplement pas quitter son lit. Mais rembobinons un peu, voulez-vous ?

Tout commence par un coup de téléphone de Tuay (premier suspect dans cette affaire). La panthère était censée avoir une journée tranquille, sans avoir besoin de travailler, pour la simple et très bonne raison que le club se faisait rénover et que personne n’avait besoin d’un infirmier pour cela. Phil y était allé et Jian restait également à l'appartement. Seulement, Tuay, bien sûr, l'avait appelé, un peu inquiet, car l’un des danseurs était arrivé totalement défiguré et ayant subi une sérieuse agression. La politique d’aide du club qu’offre Tuay aux artistes impliquait qu'il fallait s’occuper d’eux pour leur éviter de devoir payer des services de soin hors de prix et sans doute hors de leur budget, si c’était totalement réparable par Bar. Alors, ni une ni deux, le jeune homme avait appelé Phil pour lui demander de faire demi-tour et pour le récupérer et l’emmener. Ainsi, déjà, il s'était retrouvé à côté de Phil dans la voiture, fatigué, à peine lavé et surtout, très mal informé sur la situation. En arrivant, il avait pourtant dû assumer. Il y avait déjà des gens du chantier sur les lieux, pas encore au travail, plutôt en attente des ordres. Et Bar s’était éclipsé dans l’infirmerie sans autre forme de familiarité, saluant simplement poliment les autres membres du groupe. Ce qu’il avait découvert lui avait brisé le cœur. Alors, la veste retirée et déposée sur le côté, il s’était attelé au travail. L'œil gonflé de Kaew, les blessures sur son corps, Bar avait dû travailler avec attention, surtout que l’hybridation de l’autre garçon n’était pas une des plus simples. Les oiseaux ont des os fragilisés, légers, et souvent des peaux tout aussi délicates. Les cheveux multicolores du perroquet-garçon avaient perdu de leur splendeur, c’était à assurer. Pendant près d’une heure, il avait dû lui parler, pour savoir où est-ce qu’il souffrait, ce qu’il s’était passé, l’écoutant avec gentillesse et lui offrant des réponses concrètes. Il lui indiquait ce qu’il faisait, comment, pourquoi, pour le rassurer. Heureusement, aucun de ses membres n'avait été endommagé foncièrement, mais il ne pourra pas travailler avec un visage pareil pendant quelques jours.

Au bout d’un certain temps, il lui avait confié sa poche de glace sur son œil abîmé, se levant pour aller rapidement chercher le patron. Il lui avait sommairement raconté l’histoire sur le chemin retour, indiquant également qu’il ne pourra pas performer avant un moment, et qu’il allait peut-être même devoir déposer plainte. Tous les trois avaient longuement parlé de cette initiative.

Et, si bien sûr une soirée ne pouvait pas être pire, Phil avait débarqué alors que Bar était toujours en train de travailler. Il l’avait arraché à son patient, le rendant soudainement anxieux. Et ses explications n'ont pas aidé. Comment ça il se passe un truc ? Comment ça Jian est en danger ? Quoi ? Mais tu pars ? Abandonné par le loup sans un “au revoir” ou un “à tout à l’heure”, Bar sentit la première vague de larmes montée, qu’il réprimanda aussi. (Phil et Jian, a.k.a suspect 2 et 3 de sa soirée de merde.) Laissant ainsi, pour la deuxième fois, l’autre garçon, il était allé prévenir tout le monde, parce que ce n’était pas une situation que l’on garde cachée du groupe. Les réactions furent diverses. Mais il ne put répondre à aucune question, parce qu’il ne le pouvait tout simplement pas. C’était si confus, et il était tellement peu éveillé, que tout lui semblait réellement hors de contrôle. En revenant dans l’infirmerie, il n’avait pas osé sortir une cigarette, pour ne pas incommoder son patient. Et alors, il avait terminé de le bander, lui proposant de le raccompagner s’il voulait, pour éviter qu’il soit seul dans la rue à cette heure. C’était sans doute très inconscient de sa part, mais Bar était inquiet, terriblement, et avec un Phil partie il ne sait où avec la voiture, pour retrouver un Jian qui avait fait il ne sait quoi, cela n’aidait pas.

Autour de 3h30, il était allé demander si quelqu’un pouvait les ramener, lui et Kaew, vu que Phil avait pris la voiture et qu’ils étaient arrivés ensemble. Tuay ne pouvant pas quitter le club, avait alors proposé Bao (suspect numéro 4) de les ramener. Bar était monté à l’arrière de la voiture, pour continuer de tenir la poche pour ne pas laisser Kaew seul. Arrivés à l’immeuble de ce dernier, il l’avait aidé à monter les marches jusqu’à son logement, puis lui avait donné les différents médicaments, organisés dans un petit compartiment chacun, sur une période d’une semaine complète. Avant de repartir et de, cette fois, monter à l’avant de la voiture de Bao, soufflant un “merci” plus que sincère et épuisé. Le voyage jusqu’à l’appartement de Phil et Bar avait été ponctué de petites discussions, qui avait légèrement adoucis son regard sur le plus âgé (plus si suspect que cela).

Alors que tout semblait absolument parfait pour qu’enfin, Bar puisse retourner dans son lit, et être réellement bien, à peine avait-il ouvert la porte, que ses yeux rencontrèrent une flaque grandissante venant de la salle de bain de l’appartement. Flaque d’eau, bien sûr, sur le sol, évidemment. Se précipitant vers le carnage, il avait découvert l’inondation, le robinet qui avait explosé ou il ne sait quoi, qui d’ailleurs, asperger tout dans un rayon d’un mètre - Bar compris -. Et nous en arrivons à la situation de départ. Sortant de la salle de bain, Bar avait cherché son téléphone, les larmes aux yeux, pour appeler le seul, actuellement, dont il avait besoin de la présence. Wyatt.

Le bordel. Le seul qui avait échappé à ce cérémonial défectueux c'était Jian , en congé. Toi, tu es là parce que tu dois y être, c'est marqué sur le planning. Tu fais parti d'une équipe comme dans le temps en prison, mais elle est bien plus sympa, et tout est étrange ici, ça satisfait pleinement ta curiosité. Tu as enfin compris que ce n'est pas un endroit pour la reproduction ici, mais un endroit où on fait de l'art sans vêtements ou avec peu. Et ton rôle est de fracasser ou trainer dehors ceux qui confondent les fonctions de ce lieu. En mémé temps, ça t'étonnerait pas personne ne vrille quand une personne écarte les jambes devant vous. ça pue les phéromones, le sexe et la sueur, planqué sous des parfums tous plus exotiques les uns que les autres, et tu as du mal à t'y faire. C'est vraiment le truc qui te dérange le plus en réalité. Ton odorat ne trouve pas tes repères donc tu as décidé de ne répertorier que ceux qui t'intéressent. Si tu n'avais pas eu la révélation de Bar, possible d'ailleurs que tu te serais envoyé d'autres personnes dans la boite parce qu'elles t'ont vite repérées les petites prédatrices dans les artistes. Et faut dire que tu n'es pas agressif avec elles non, tout va bien avec le reste du personnel. Donc elles pensent que c'est portes ouvertes et continuent de te draguer. Tu te débrouilles toujours pour esquiver.

A coté de ça, ton ouïe, tu l'as fermé, tu as une ouïe interne que tu peux bloquer quand le bruit est trop infernal, et clairement, quand il y a trop de bordel, ça ne sert plus à rien, c'est comme se prendre un flot indescriptible d'ondes. Donc tu bloques ton sonar sonore. Ne laissant que certaines ondes passer. Tu as compris qu'il y avait eu une agression alors avec Bao, vous vous êtes organisé pour sécurisé le pourtour du périmètre, mais rien, juste une fade odeur qu'il te semble connaitre, mais qui n'est pas d'ici, et le djinn est de ton avis. Pourtant vous vous mettez d'accord pour ne pas en parler et pour entrer en mode "sentinelle" durant plusieurs jours. Quand tu reviens , tu croises Bar qui t'informe que Phil est parti rejoindre Jian qui a un soucis. Tu es au courant de ce qui s'est passé ... il t'en a un peu plus parlé ces trois derniers jours et quelque chose te dit que le hamster, il a encore testé une merde, et s'est retrouvé dans tous ses états. C'est toujours comme ça, il a une affreuse curiosité qui lui supprime l'espace de quelque chose la lucidité nécessaire à avoir un instinct de survie activé en même temps. Un peu inquiet quand même, il se rappelle d'appeler Jian après avoir fini ce qu'il avait à faire. Il n'aime pas non plus l'air qu'à Bar. Il lui demande si ça va, et bien entendu, tout va bien. Tout va toujours bien jusqu'au moment ou il ne peut plus lui mentir. Alors Wyatt respecte, et doit couper court à leur conversation, appelé par Bao.

Quelques heures, alors que Bao a envoyé Wyatt faire un taf à l'extérieur, travail qu'il est le seul à pouvoir faire sans craindre pour sa vie. Le djinn s'est promis, il ne peut mettre personne en danger stupidement si lui-même ou wyatt peuvent le faire. Alors oui, on ne leur a rien demandé, c'est vrai. Mais ils le feront, et peu importe que ça plaise ou non, c'est leur rôle. Entretemps, il arrive au moment où Bar cherche quelqu'un pour les ramener, il propose de le faire sans aucune mauvaise pensée. Pour lui, ça faisait juste parti du jeu et Bar et ce perroquet bizarre étaient à protéger aussi. Dans la voiture, il essaie de briser un peu la glace. Et son merci quand il revient de chez l'oiseau est accueilli par un simple :
- Aucun problème. Ca m'gène pas.

Et c'était vrai et étrangement inhabituel pour lui de dire ce genre de choses, mais depuis qu'il avait trouvé sa queen, être humain était un peu moins dur. Il intégrait peu à peu l'idée de famille, mais il ne fallait pas non plus lui demander l'impossible, il resterait Banshee.
Il le dépose chez lui, recevant un message de Wyatt au passage, donc ne traine pas. Laissant Bar seul, mais il vient de passer le portail. Donc il ne devrait pas lui arriver grand chose. Puis ce fut à toi de recevoir un appel alors que tu as fini la tâche compliquée que Bao t'avait donné à régler.

Tu décroches. Bar ? C'est bizarre, il ne t'a jamais appelé depuis que tu as son numéro. Les portables c'est encore nouveau pour toi, donc tu as du bol, de savoir t'en servir pour ce coup. Ton oreille non plus n'est pas habituée à ce genre de son si près sans visuel, mais tu as eu le temps de t'habituer au code d'ondes du gros chat.

- Bar?
La suite te fait hausser les sourcils. Mais c'est pas son jour, c'est pas vrai. Tu n'aimes pas les sons que tu entends, on dirait qu'il ne va vraiment pas bien.
- j'arrive. Touche à rien.

C'est pas à coté putain... plus qu'à courir, ce merdier. T'es endurant, au delà d'un humain, mais tu restes avec des foutus poumons qui vont pas tenir le rythme si tu déconnes trop donc t'essaies de jauger tout en te piquant le sprint de ta vie durant de longue minutes, et on parle pas des gens que tu as failli renverser dans des virages serrés aux coins des rues, ou des bagnoles qui ont failli te renverser et où tu as fait de l'aquaplaning sur leur capot. Le temps s'écoule, tu te rapproches, tu manques une rue , fais marche arrière, et quand t'arrives enfin, tu t'arrêtes deux minutes à la porte, entrouverte. Appuyé d'une main à l'encadrement, tu reprends ton souffle, grimaçant. Poumons de merde! L'humain est vraiment une espèce sous évoluée c'est sur. Comment fait Jian pour être aussi speed sans s'essouffler....

Un frisson. De l'eau, tu la sens près de tes chevilles, pourtant tes gros godillots te protègent. Tes pupilles vibrent. Tu ouvres la porte du bout des doigts en te redressant, un sourcil haussé et tu vois Bar dans le salon, envahi par l'eau.

- Tu sais, si tu veux que je vive ici, t'es pas obligé d'inonder ta maison hein... je peux vivre avec deux douches par jour... , que tu dis en souriant , puis tu grimaces, en enjambant un endroit trop rempli.

C'est un peu la merde, à ce stade. Tu ne vas pas pouvoir rester inerte, y'a trop d'eau. Tu refermes la porte.

- Ferme tous les volets, je vais forcément me transformer. Y'en a trop.

Mais ça t'arrête, tu lui jettes des regards, observe sa gestuelle et au moment où il passe à coté de toi, tu lui attrapes la main et l'attires à toi.

- Hey...

Tu ne réfléchis pas trop, tu commences à savoir des choses, tu t'es renseigné et tu as aussi posé des questions aux autres artistes en observant des scenes pour comprendre les interactions dans ce monde.

L'eau commence à rentrer dans tes godasses par les trous des lacets, et sur ta peau , les reflets d'écailles commencent à se voir et à vibrer, tes yeux s'obscurcissant. Mais tu t'en fous. Tu le rapproches, et passe tes doigts sur son front pour virer ses mèches humides. Ca te rappelle un autre moment.

- Calme-toi... ça va aller, je vais t'aider, j'ai appris...

Tu passes ta main sur sa joue, et découvre au passage, ou redécouvre qu'elle est douce. Tu n'as pas trop osé le toucher de près pour ne pas qu'il s'attire la curiosité des autres. Tu le prends dans tes bras lentement. Il est trempé, tant pis, de toute façon, tu vas l'être, alors...
- C'est que du matériel... c'est rien.
Tu te décolles un peu de lui, haussant les sourcils, cherchant son regard, lui caressant les joues des pouces. Ta voix est basse et calme.
- Respire... On va régler ça...

Même s’il avait essayé de parler avec calme, c’était juste une ligne de trop franchie. Bar resta là, dépité devant la fuite, alors que Wyatt arrivait. Mais alors que la deuxième vague de larmes menaçait ses yeux, il se reprit, retirant sa veste trempée pour la poser en hauteur. Après avoir tenter d’endiguer la fuite avec des serviettes sur le bas de la porte de la salle de bain, il se précipita un peu partout dans le salon et surtout pour les affaires de Jian - dont il découvrit également une partie manquante, ce qui n’apaisa pas ses craintes - afin de les mettres à l’abri le plus possible. Heureusement, la plupart des tables étaient en hauteur, ainsi que les affaires de cuisine et courageusement, il mit tout ce qui lui semblait menacé et important en hauteur. Et alors qu’il tentait de sauver les affaires de Phil qui traînaient, il se rendit compte de quelque chose qui le fragilisa un peu plus. La première personne qu’il avait appelé, pour se rassurer, pour être sûr qu’elle vienne et ne le laisse pas seul dans cette galère, c’est Wyatt. Pas Phil. Parce qu’il savait que même s’il tentait de le contacter, il ne répondra pas.

Il déposait un dernier sac sur le comptoir de la cuisine quand il entendit du bruit dans l’entrée. Naviguant difficilement jusqu’au salon, Bar vit Wyatt entrer. Sa petite remarque le fit rire, souriant un peu dépité de se dire qu’effectivement, c’était la meilleure manière de l’attirer. Mais aussi fulgurant que fut son sourire, il disparut. Il ravala sa salive, hochant la tête en allant fermer les volets. Dans la nouvelle semi-pénombre de l’appartement, uniquement alimentée par l’une des lames qui fonctionnent sur piles, Bar avait réellement dû mal à rester concentré, le cœur serré, la fatigue pesante. Mais c’est lorsque Wyatt l’attrape, presque à la volée, qu’il comprend à quel point il est épuisé. Wyatt passe ses doigts sur son front et oh… Bar veut pleurer.

-Je suis désolé… arrive-t-il à dire, en le regardant dans les yeux. Je savais pas qui appeler d’autres…

Il n’avait même pas pensé au fait que oui, Wyatt pouvait se transformer à n’importe quel moment, ainsi entouré d’eau. Il se sent idiot et se laisse totalement aller dans son étreinte, essayant de se calmer. Son cœur est dans sa gorge, il a froid, l’eau s’infiltre dans ses chaussures, refroidit ses vêtements. “C’est que du matériel, c’est rien…” Si seulement il pouvait, lui aussi, se rendre compte de ça. Mais… C’est juste trop. Il a passé sa soirée de repos à gérer un patient gravement blessé, à devoir jouer les psychologues, alors que son petit-ami est parti sauver son gars qui a fait une nouvelle connerie dans le dos de tout le monde. Et lui… Et Bar, il… Appelle Wyatt pour se retrouver dans ses bras. En se détachant, il relève les yeux vers lui, hochant la tête, ravalant ses sanglots en voulant réellement se calmer.

-Okay. On va régler ça.

Il aimerait encore s’excuser, mais il sait que ce n’est pas de sa faute, il sait qu’il n’a rien fait, et que s’il avait pu, rien de tout cela ne serait arrivé. Il a juste un peu envie de rester quelques secondes de plus protéger dans les bras de Wyatt, même si ses chaussettes se détrempent. Mais, malheureusement, pour le bien de cet appartement, mais également de sa santé mentale, ils allaient devoir régler cette inondation avant. Gardant une main sur l’un des bras du plus âgé, il l’emmène vers la salle traitresse, ouvrant la porte pour révéler les dégats.

Tu le vois bien que ça ne va pas. Tu le sens dans son intonation, donc sa façon de t'être laisser venir à toi sans même s'y opposer alors qu'il ne manque pas d'être sacrément revêche ordinairement avec les autres. Une part de toi aime ça, une autre part ne veut pas abuser de sa faiblesse. Tu veux qu'il soit naturel avec toi, pas comme s'il était redevable. Parce que tu pourrais lui être redevable toi aussi, il a sauvé ton âme de la folie qui guette un potentiel dieu de la folie de son pouvoir et la colère qu'il pourrait avoir envers les siens et les êtres stupides qui peuplent un peu trop ce monde.

- Pourquoi j't'en voudrais de m'avoir appelé? Sois pas bête, je te l'ai dit. Où tu veux, quand tu veux, je viens si tu as besoin de moi.

Tu lui souris avec ta gueule habituellement de mec cool pour qui rien n'est irréversible, ou presque. Tout à une solution. tu pourrais chasser la moitié des pseudo malheurs de ce monde rien qu'en devenant le dieu du relativisme. Mais c'est bien plus drôle de faire parti de ceux qu'on ne peut attraper et qui peuvent atteindre physiquement la précarité vitale de cette société. Jouer avec la vanité collective t'est jouissif, même si tu ne t'en vantes pas, et surtout pas auprès de Bar. Tu ne veux pas qu'il voit ton coté obscur, pas encore. Même si au fond, connaissant tes ancêtres et ton régime alimentaire, c'est une évidence: Tu n'es pas une "bonne" divinité. Miséricordieuse tout au plus pour ceux qui le mérite, mais la pitié ne fait pas vraiment parti de ton vocabulaire, et tu es même plus sadique que Bao, qui lui, est trop radical pour s'embêter avec de telles futilités, sauf si vraiment il est furieux et se sent porté par un sentiment de vengeance accrue.

L'eau continue de ruisseler et tu sais que ça coute cher l'eau, donc tu dois faire vite, surtout pour le portefeuille de Bar. Tu n'as jamais compris pourquoi on fait payer l'eau, alors que cette planète en est recouverte mais tu n'es plus surpris de la liste de choses absurdes qui s'étalent parmi les vivants terrestres. Les civilisations n'apportent pas que des idées ingénieuses et encore moins les dirigeants.

Mais à peine votre petite discussion a-t-elle à peine commencer qu'il t'entraine vers le centre du problème. Et visiblement ça s'est aggravé puisque quand il ouvre la porte , vers vous, c'est l'eau gicle partout. Par reflexe, pour éviter d'être complètement trempé, tu t'écartes, ouvrant de grands yeux, mais déjà c'est trop tard , tu commences à changer. Ok... Tu vires le haut pour le jeter sur un meuble pas loin. T'es obligé surtout la structure de tes épaules va détruire le vêtement. Tu commences déjà à te sentir à l'étroit dans tes pompes. T'as pas le choix, ou le jean va aussi y passer et tu n'as pas envie que la seule image que Bar ait de toi, soit encore et toujours celle du mec à poil qui détruit H24 ses sapes quand il est en contact avec de l'eau.

- Ne dis pas à personne ce que tu vas voir. Il n'y a que Jian qui sait... mais je ne l'utilise jamais si on me voit...

Pour consolider tes mots, ne le lâchant pas du regard, l'eau s'écarte de tes pieds, sortant de tes pompes par les lacets et la languette, et remonte sur le bas des murs, pour te laisser passer. Tu ne peux pas te permettre de finir en mode triton ici, Bar est bien assez stressé comme ça, il n'a pas besoin d'un problème de plus, parce que oui, un triton de plus de quatre mètres dans une salle de bain, c'est un vrai problème et ce n'est pas sous cette forme que tu pourras réparer. Donc tu vas devoir trahir ta propre couverture.

- Où est ton compteur d'eau? Faut que je coupe l'eau là bas.

Tu ouvres une main sur le coté de ta hanche, pour empêcher l'eau qui gicle d'atteindre encore Bar et la redirige vers la baignoire dans la section de tuyauterie ne semble pas touchée. Etrangement, tu trouves que ça fait un peu trop de coïncidences en un seul soir. le monde se dérègle, mauvaise augure. Tu es de l'ancienne école, où chaque signe a sa valeur et en général Unholmere ne fait jamais rien à la légère.

C’est peut-être pour cela que Bar n’avait pas réfléchi et l’avait appelé lui, et pas un autre. Parce que Wyatt est dévoué. Mais tout de même, si Bar ne s’était pas révélé comme le bébé que le léviathan avait sauvé, il y a tant d’années, alors que seraient-ils devenus ? Ses yeux tentent de comprendre, alors qu’il le voit lui sourire, rayonnant alors que la situation est catastrophique. Il n’aurait décidément pas pu appeler une meilleure personne pour venir lui porter secours, c’est certain.

Devant la salle de bain en proie à sa crise de dégâts, Bar observe les soudaines capacités de l’autre homme, bouche-bée de le découvrir. Ses pupilles deviennent des ronds parfaits, alors que ses oreilles, déjà bien aplaties sur sa tête, se redressent de surprise et de curiosité. C’est nouveau, intriguant, et cela le rassure sur le “choix” de Wyatt pour venir le dépanner. Parce que ce n’était pas vraiment un choix, mais plutôt un réflexe. Il promet qu’il ne révélera rien, aussi silencieux qu’une tombe s’il le faut, il sait faire ça. Il sait très bien le faire même. Et lorsqu’il lui demande son compteur d’eau, cela le percute. Mais oui putain. Mais Bar, réfléchis, bon sang !

-Je sais comment faire et où c’est… Je vais l’éteindre ! tenta-t-il en se préparant à naviguer jusqu’à l’extérieur de l’appartement. Je reviens…

Et c’est en tentant de pas penser à l’eau qui s'infiltre dans ses chaussettes qu’il sortit de l’appartement, refermant la porte immédiatement derrière lui pour éviter que d’autres voient Wyatt se transformer. Il descendit les escaliers, ignorant bien si quelqu’un dans le coin était encore réveillé. Mais au vu du silence dans leur petit carré de maison, il n’y avait aucune escapade nocturne de jeunesse. Ouvrant un panneau commun à toutes les habitations, il chercha un instant, avant de trouver le robinet de l’appartement. Aussitôt, il le tourna, espérant sincèrement qu’il avait de un, trouver le bon, de deux, fait dans le bon sens. Retournant alors en courant dans la zone sinistrée, il découvrit qu’effectivement, l’eau ne semblait plus s’écouler. Il rejoignit de nouveau la salle bain, regardant l’autre homme avec une légère appréhension sortie de nulle part. Il voulait bien faire, Bar. Mais il n’était pas toujours assez en forme pour pouvoir le faire. Et déjà qu’il avait consommé une bonne partie de ses capacités actuelles, il ignorait s’il était capable de faire d’autres prouesses. Enfin, vu l’idiot qu’il avait été à ne pas aller directement couper l’arrivée d’eau, il était déjà sous le niveau requis de neurones alignés.

-C’est bon, assura-t-il à Wyatt, même si la zone de doute demeurait en lui.

Tu attends donc, après qu'il soit parti. il connait mieux l'endroit que toi , ce sera mieux que tu coupes n'importe quoi jusqu'à ce que ça marche. Si mamie Ginette se retrouve sans eau à poil sous sa douche, c'est un coup à ce qu'elle y glisse et que tu sois responsable d'un drame. Quoi que tu n'es pas sûr de culpabiliser. Quand on ne tient pas débout , on se tient et puis tu as remarqué bien trop tard qu'autrefois vous les demi dieux , vous pouviez réguler les humains, et ça vous a échappé. Pourquoi? C'est un mystère, et à présent Dame Nature n'a pas pu assez faire de nettoyage et vous vous êtes retrouvé selon leur histoire, avec une pullulation de bipèdes à foison ... jusqu'à ce que ça explose. L'être humain veut toujours sauver jusqu'à l'innommable ce qui n'est pas soignable. Si un être doit mourir à la fin de vie, pourquoi le laisser brancher de partout alors que lui-même désire partir... Se battre pour sauver un enfant tu peux comprendre, mais... pour un être qui doit rejoindre Unholmere ou Gaia selon les appellations? pourquoi... quel est le but? A part l'égoïsme des vivants? Le gaspillage? Le déni? Le fait de vouloir garder le contrôle jusqu'au bout? Mais on s'étale sur un problème encore , qui ne devrait pas en être un selon tes règles à toi.

Le temps que Bar trouve une solution, tu joues les canalisations de fortune, puis le flux se fait moins important, jusqu'à n'être plus qu'un filet. Alors tu laisses tomber ton énergie, l'eau retombant du tuyau au sol. Malheureusement, là , tu ne fais pas de magie. Il va falloir de quoi réparer. Alors tu retournes dans le salon, chopper des deux mains par des gestes discrets, les flaques immenses qui se sont frayées un chemin dans les plus petits recoins de l'appart, les interstices de bois fendues, sous les plinthes, derrière les meubles et l'électroménager. L'eau monte doucement en hauteur pour former une boule qui tourne doucement sur elle-même, jusqu'à se modeler en un volume mouvant qui va droit dans la machine à laver ouverte. Tes écailles se voient encore et tes yeux se sont assombris. Tes mains aussi ont changés d'aspect mais dans l'ensemble ça va.

- T'as une caisse à outils qui trainent et du scotch renforcé?

Tu te penches vers le sol pour chopper un tapis trempé et le mettre dans l'évier de la cuisine. Pas hygiénique mais mieux que de faire un dégât des eaux supplémentaire. L'humidité environnante est si présente, qu'avec la chaleur tropicale du dehors et de la période des inondations qui arrivent, tu t'y sentirais presque bien si tu ne savais pas que Bar , c'est tout l'inverse. Tu jettes un œil à la panthère qui a l'air de se sentir bien démuni. Tu t'arrêtes alors, hésitant, te rappelant ce qu'il t'a expliqué après cette nuit où tu as dormi avec lui... et aussi ce que t'as dit Jian et Emma... D'une main, ta gestuelle enveloppe doucement l'eau qui entoure les pieds de Bar dans la zone que tu n'as pas encore faite, jusqu'à l'extraire aussi de ses chaussures. Du même fait, tu te rapproches de lui, voyant ses yeux attentifs mais son teint épuisé et peiné. Tu montes ta main vers ses cheveux, sourcils froncés, comme s'il avait quelque chose dans ses mèches sombres. Ton corps se rapproche.

- Bouge pas, lui demandes-tu intrigué.
Tu baisses les yeux sur lui, quand tu es assez proche et sans qu'il ne se doute de rien, tu lui embrasses la tempe après avoir pousser les mèches en enlever une grande part d'humidité au passage.
- Emma m'a dit que ça pouvait aussi être un acte pour rassurer une personne à qui on tient... Dans ton dos, la petite boule d'eau rejoint la plus grosse qui finit elle aussi plus loin dans la machine à laver, avant que tu ne le reregarde.
- Et ce n'est pas parce que tu es le petit chat noir...

Un autre sourire avant de t'éloigner vers la salle de bain, et le montrer du doigt, avec toujours cet air à l'aise, même si toi tu es toujours trempé mais tu te prends ta dose d'humidité. D'ici une demi heure, si rien n'est fait, tu seras de nouveau sec.
- Les outils?

Secoué par absolument tout ce qui se passe, Bar n’arrive pas à enregistrer une bonne partie des événements - comprenant les… pouvoirs ? de Wyatt, le fait que le sol de l’appartement est soudainement relativement sec et que le physique de l’autre homme a changé - et relève des yeux surpris vers Wyatt lorsqu’il lui demande une boite à outil. Oh heu… Phil savait où se trouvait la boite à outils. En plus d’en ramener de temps à autres de son garage, parfois même il la prenait là-bas. Et si il devait aller la chercher ? A cette heure, sans voiture, devoir aller chercher la boite à outils dans le garage de Phil, devoir rentrer dans son repère, sans lui demander la permission… Parce que, soyons honnêtes, il n’allait pas répondre. Bar se sentait couler dans une situation tout à fait impossible au moment où Wyatt s’approcha et passa sa main dans ses cheveux. Surpris par le contact, tout le corps de la panthère avait réagi, le regardant, pupilles énormes et oreilles en avant, à deux doigts de lui demander “qu’est-ce que tu fais ?”. Pourtant, il ne dit rien, ne bougeant pas comme demander, le laissant se rapprocher. Et oh… Surprise. Bar sent une étrange sensation lui courir dans le corps à ce petit bisou. Serait-ce la fatigue ou le stress ? Le fait qu’il n’est pas pu avoir un repos concret et qu’il venait d’être sujet à beaucoup de pression ? Mais ses nerfs pourraient lâcher à cet instant. Pourtant, il ravale une troisième vague.

Wyatt lui sourit et s’en va vers la salle de bain, laissant Bar dans sa stupéfaction. “Ce n’est pas parce que tu es le petit chat noir…” Il fallait tout de même avouer qu’il en était un ce soir. Bar comprit ce que ses paroles impliquaient, mais s’il les acceptait maintenant, s’il autorisait le fait de les assimiler, il allait réellement pleurer. Déjà qu’il avait craqué devant Wyatt la dernière fois, à leur première rencontre de plus, il ne voulait pas plus d’humiliation - même si ce n’en était pas vraiment une. Alors, s'ébranlant enfin pour sortir de son mutisme et de son état végétatif, il répondit avec la voix légèrement cassée de ses émotions :

-Je vais les chercher.

Avant de tout simplement aller faire un tour de tous les endroits où Phil pouvait bien les ranger. Bar n’avait été que très peu intéressé par le bricolage, et cela depuis toujours. Les hybrides comme lui n’ont pas à se munir de moyens physiques pour percer à vrai dire. Ils ont, d’ordinaire, la carte de leur visage pour faire office de cv. Et encore une fois, il dérogeait à cela, en ayant trouver une vocation qui lui demandait de se salir les mains. Littéralement, il avait dû s’occuper de personnes dans une situation terrible, pour une reconnaissance minimale. Et maintenant, ce n’était pas tellement mieux. Après quelques minutes à chercher, il la dégota dans un placard, du côté des affaires de Phil. Il y avait mis ses vêtements dessus, comme pour la camoufler alors qu’elle n’était là que par négligence et les vêtements également. La ramenant à Wyatt, il la posa à côté de lui, soufflant doucement. A cause de l’humidité, même si Wyatt l’avait assez asséché, les cheveux de la jeune panthère prennent certaines libertés.

-Je peux t’aider mais je… je n’y connais pas grand chose, avoua-t-il avec une légère honte. Désolé…

Sans lâcher ton sourire, d'autant plus qu'il ne t'a pas repoussé et que tu l'as vu sur son expression adorable, tu l'as perturbé et t'en es fier. Un vrai gosse que tu es, tu prendrais des tartes par Bao pour ça. Tu as beau avoir plus d'un siècle, ce sont Bao et Jian qui t'ont appris à déconner et à prendre plaisir à vivre et ce, peu importe ce qui s'est passé avant, ou ce pour quoi tu es né. Il est vrai que ça, marié à ton relativisme incurable et ta gueule jamais grincheuse, ça n'arrange pas le fait que tu sois plus souvent pas crédible quand tu dis ce que tu es. Mais personne ne t'a jamais vu en pétard et tu ne souhaites pas réellement le montrer à qui que ce soit. C'est d'un autre temps, et surtout pas à Bar.

Pas maintenant que tu as réussi à percer sa garde. Tu as vu ses pupilles, ses oreilles, et tu as envie de les revoir. Ca t'a autant plu que la vibration qu'il émet quand il est bien au chaud. Tu n'as pas eu l'occasion de redormir avec lui, quelle poisse.

Te voilà seul , en face du désastre. Putain de canalisation, humains qui se sentent obligés d'amener l'eau dans des tubes de métal pour boire pile chez eux par flemme, d'aller chercher l'eau en magasin? et pourquoi pas juste boire au canal? Il parait que leurs organismes sont devenus fragiles aux parasites. Pour sûr que question parasite, s'ils osent cohabiter avec ton corps, y'a des chances que ton système digestif désintègre tout. Tu assimiles toujours quasiment 100 % de ce que tu ingères. Tu as besoin de beaucoup trop de calories.

Accroupi sous le lavabo, à regarder si tu peux bouger les meubles autour. Ce n'est pas accrocher au mur? Allez hop, ça va dégager tout ça. Sans difficulté, tu soulèves chaque meuble plein, sans heurter les murs, et quand Bar revient, tu le croises avec un des meubles que tu poses, observant ce qu'il t'a ramené. Ca parait si léger pour toi, mais tu te doutes que Jian , il ferait la gueule de ne pas pouvoir faire pareil. Tu fouilles dans les outils y sentant l'odeur de Phil. Ca te fait sourire, ça te va en vrai, faut bien que tu serves un truc aussi, alors si Phil n'est pas là pour jouer, l'homme tu ne vas pas te gêner pour prendre sa place. Tu l'as dit à Jian. Tu t'es mis en chasse, même si Bar l'ignore, et tu ne pensais pas que ce serait si facile, ça fait si longtemps ... l'idée qu'on perd tout quand on n'a plus l'habitude d'être sérieux à ce sujet... mais... si, c'est là.  

Tu le regardes en coin , en allant vers la zone qui a pété et pose les deux genoux à terre alors que le tuyau continue un peu de fuir, mais au moins ça gicle pas. ça doit pas être tout neuf, le robinet de coupure non plus. Les soudures ont pétées. Ca aurait un truc en bambou que ça aurait rien changé...

- Approche, c'est pas bien compliqué, je vais te montrer.

Tu te décales. Toujours à genou alors que le bas de ton corps est quand meme encore dans la zone mouillée de la salle de bain, donc la semi transformation laisse apparaitre les écailles sous ta peau humaine sur ton ventre et ton dos, laissant sousentendre que sous le jean, t'es à l'étroit, et c'est peu dire. Arh... faut que tu trouves un moyen de te procurer des pantalons plus stretch que ça..

Tu écartes volontairement l'eau au sol pour qu'il puisse s'y mettre sans se tremper et tu mentirais si tu disais que tu n'as pas faire exprès que ce soit proche de toi. Un peu trop. Tu lui tends la main.

- Te cognes pas... t'es fatigué ...

De l'autre main tu cherches le fameux scotch de réparation alors que ta main le dos de Bar qui t'a rejoint.

- T'es pas très chaud... ça va aller?
Oui t'es inquiet , tu ne pensais pas qu'il était si frais corporellement. La joue ok mais le reste... décidément... Tu essaies lui ôter l'humilité du dos et des flancs , jetant ce que tu extrais , au sol. Tes mains à toi sont chaudes. ça te choque d'autant plus. Tu aimerais qu'il aille bien mais ... ce que tu perçois de son corps c'est tout sauf ça...

Lui montrer comment réparer ? Piqué dans sa curiosité, Bar se rapproche, se glissant dans la zone relativement sèche créée par Wyatt. Accroupi, il tente de voir, sa queue restant bien en l’air pour éviter de toucher la moindre humidité superflue. Wyatt est délicat dans sa manière d’agir, attentif et Bar apprécie, gardant un petit sourire sur les lèvres alors qu’il se penche pour voir de quoi il en est. Il souffle un “merci” léger, attendris par ses petites remarques. Ou alors est-ce parce qu’il est épuisé et qu’avoir un peu d’affection réelle et simple lui fait du bien ? Ou plutôt, il est tellement privé de cela récemment, qu’il tente de voir toutes les actions de Wyatt comme une sorte de marque d’affection ? Depuis trois jours, c’est ce qu’il fait, inconsciemment. Il absorbe en tentant de s’en convaincre.

Son dos touche sa main et ce n’est qu’à ce moment-là qu’il se rend compte qu’effectivement… il est glacé. Même malgré l’aide des pouvoirs d’hydrokinésie de l’autre homme, Bar sent l’humidité sur sa peau, dans les fibres de ses vêtements. Il tourne le visage vers lui, surpris de sa remarque. Encore une fois, la fatigue, le stress, sa sensibilité accrue à cause des évènements de ce soir ? Qui sait ? Mais Bar a l’impression que le léviathan est d’une douceur étrange à son égard.

-Heu oui… Une fois que tout sera terminé, j’irais me mettre au chaud. (Il tenta de le rassurer en retour d’un sourire.) Ne t’inquiète pas, ça va aller. Je suis juste… fatigué.

Et pour un hybride de sa constitution, cela était clairement à prendre en considération. Une panthère dort énormément et un humain n’est pas plus résistant, ayant besoin d’un sommeil tout aussi prédominant pour pouvoir être plus productif. Se pousser à des limites infâmes, comme il avait pu le faire aujourd’hui - et de son propre chef - le rendait faible. D’autant plus qu’il n’avait pas prédisposition particulière comme les autres membres de l’équipe. Un réel point faible dans le groupe, c’est sans conteste. Pourtant, il fit un mouvement de tête vers la fuite, ne détachant par les yeux des écailles qu’il voit légère sur la joue de Wyatt, ce qui l’amuse aussi.

-Alors ? Comment on fait ?

Est-ce qu'il y a l'habitude d'être si détendu quand il est fatigué? Tu sais que non, et pourtant, malgré la situation plus que stressante et tu lui aurais pardonné de péter un vrai plomb (Jian aurait pété un plomb par exemple) , tu as réussi à le garder calme, même à le faire sourire. Est-ce que c'est toi? Est-ce qu'il t'aime bien? Emma t'a expliqué deux trois trucs sur les "sentiments" , un peu la suite de ce que Jian avait tenté de t'apprendre depuis des années, sur le fait qu'on ne peut pas baiser tout ce qui passe, encore moi quelqu'un qui nous intéresse. Toi et elle, si tu n'avais pas croisé Bar, vous auriez clairement fini par vous envoyer en l'air, parce que c'était le genre de femelles que tu avais toujours connu et indirectement celles qui te faisaient un petit truc et la concernant c'était pareil , mais tu avais aussi découvert le péché interdit dans ton peuple, un mâle avec un autre mâle. Et puis il y avait l'entre deux. Bar était un male, mais ce qu'il dégageait n'avait rien de phéromones mâles et c'était nouveau. Tout était nouveau en lui, jusqu'à t'en faire oublier ta propre nature et le fait que la loi des Léviathans ne veut que des reproductions pures... Et dieu sait que tu y as pensé mais tu te retrouves toujours face à ce mur. Plus jamais avec un léviathan. Plus jamais tu n'iras assumer ce pour quoi tu as été conçu. Quitte à devoir vivre une vie banal et refuser ton titre officiel, car la fameuse équinoxe approche... Peu importe. Il n'y a plus de place pour les autres. Cette petite famille te convient, ce cœur que tu apprends à remplir aussi. les codes sont durs à assimiler et rares sont les fois où tu ne passes pas pour un con, mais mieux vaut être un con érudit qui se trompe, qu'un con qui se complait dans sa nullité par peur de se tromper ou par flemme de savoir.

Tu restes prêt de lui, espérant que ton contact plus chaud l'incitera à pas trop s'éloigner de toi. Est-ce que ça te manque depuis cette fameuse nuit.. oui... mais comment tu pourrais dire ça? Tu ne te vois pas lui sortir comme ça. Ce n'est pas chez toi, même si ton toi intérieur a envie de s'étaler ici. Mais si tu te mets à jeter ton mucus un peu partout sur les murs pour marquer ton territoire, il y a fort à parier que ça déplaise au gros chat qui se démène pour visiblement garder les lieux propres... tu dirais bien que c'est plus facile en mer, mais... les humains ont pollués jusqu'aux fonds marins... Vous avez déjà perdu des bébés léviathans qui avaient mangé des déchets, étouffés dans les branchies... tant de souvenirs douloureux qui avaient fait de toi un monstre à la sortie de l'océan... un monstre qui en avaient rejoint un peu trop rapidement d'autres.

Et celui qui se trouvait à coté de toi, tu ne le mérite pas, tu le sais mais c'est plus fort que toi. Il t'attire. Par tout. Son odeur, son regard, ses mimiques, ce qu'il essaie de cacher. Rien que le premier soir, tu avais beugué plusieurs dois, il t'avait intrigué au plus haut point, à mettre sa santé en jeu pour que tu ailles mieux, toi un inconnu. Tu l'as vu ne pas faillir face à Bao et pourquoi après, tu l'avais croisé tellement apeuré. Avant même de savoir, oui... tu l'avais remarqué. Comment tu pourrais agir autrement maintenant qu'en plus... c'est lui. Ce look humide en plus... comment ne pas y être sensible.

- T'essaies de convaincre qui ...? Dis moi si tu ne peux plus... je finirai seul, ça n'me dérange pas...

Tu te recules pour finalement t'allonger par terre, pour libérer tes bras et avoir une vue d'ensemble. Tu lui fais signe d'approcher et lui tend la torche que t'as trouver dans la boite vu qu'allumer l'électricité là tout de suite, c'est pas génial. Et toi comme lui, même si vous êtes aisément nyctalope, ce n'est pas une bonne façon de faire. Il te faut de la précision.

- Pardon pour ton tuyau.

En un seul geste, tu écartes le tuyau qui a céder, pourri à la jointure avec le coude du lavabo. Et vu que bien sûr, y'a pas de joint pour l'instant, tu vas faire autrement. Tu éclates le vis en plastique qui entoure le goulot de cuivre.

- Je sais pas à qui est cette barraque que vous louez... mais c'est pourri. On a rien à pour remplacer, donc on a va faire en sorte de faire sans.

Tu lui montres les deux tuyau, puis tu prends la tenace pour découper et tordre à mains nus les rebords découpés. Tu les rabats sur l'autre tube, prenant de l'eau sur la gueule. Génial , arg... pour la première fois, Bar assiste au battement de tes secondes paupières propres aux reptiles aquatiques, verticales, blanchâtres. Actives uniquement sous l'eau. Ils ont noircis sous l'eau et ton visage s'irise d'écailles jusqu'à ta gorge mais tu maitrises. La kinésie c'est comme toute chose, on a une réserve. Si on en abuse, le reste trinque, ce qui implique moins de contrôle de ton apparence native. C'est une chose que tu ne peux pas risquer. Tu entres de force le premier tuyau dans l'autre. Normalement une telle opération nécessite de les chauffer. Banalité pour toi, tu grilles au passage ta force physique mais devant Bar, il n'y a plus grand chose que tu ne veux pas montrer, pourquoi lui cacher.

- Tu peux maintenir les tuyaux en place, le temps que je les fixe?

Tu as tiré sur les tuyaux, les obligeant à suivre un chemin différent sur le mur, et ça se voit, mais au moins, ce sera réparé. Tenailles entre les dents, tu enroules un fil de fer autour des deux tuyaux pour compresser toute fuite potentielle et serre au max, coupe et regarde Bar calmement, ta main se posant sur sa cuisse , paume vers le haut.

- Le scotch?

Une fois en main, tu découpes des bandes parce que bien sûr c'est trop près du mur pour y faire passer la bobine. Le tout est serré. ça n'a pas pris longtemps.

- Pour comparer, je dirais que c'est comme quand une arcade pète dans une baston. ça pisse beaucoup, mais une fois maitrisée, c'est facilement soignable. Tu remets l'eau ?

Avec un peu de bol , ça va pas t'éclater à la gueule. Tu attends donc, vautré au sol, la main serré sur le tuyau, pour limiter la casse sur ta tronche si ça ne tient pas. L'eau arrive, divin son dans tes tympans et tu la sens passer sous tes doigts mais rien n'éclate. Un sourire glorieux tatoue ta gueule avant de t'extirper de ta cachette, le cul dans l'eau, toujours torse poil, mais tu as chaud avec tout ça. De nouveau debout, tu le regardes revenir, et lui sourit, assez fier d'avoir résolu ce carnage. Tu as envie de jouer au con mais ce n'est peut être pas le bon moment.

Mais Bar secoue la tête, bien déterminé à rester avec Wyatt. S’il doit réparer son évier, c’est bien par générosité et impossible donc qu’il le laisse seul ainsi. Ce serait réellement ingrat de sa part. Il l’observe faire, attentif, avant de le rejoindre pour tenir la torche. Sûr que tous les deux n’auraient aucun mal à voir dans le noir, mais les couleurs et les textures en sont parfois modifiées et ce serait réellement dommage de créer plus de problèmes que d’en régler. Alors, ainsi proche de lui, Bar s’applique à être le meilleur porte-lumière jamais vu de l’histoire des tuyaux problématiques d’éviers de salle de bain. Un titre assez précis et dont il ne sera pas toujours forcément très fier. N’empêche qu’il ne peut retenir son sursaut en voyant Wyatt viré aussi aisément le matériel défectueux.

-C’est Tuay qui l’a trouvé, cet appartement. Il est assez vieux en fait, et je crois que le loueur de base est mort… expliqua Bar en continuant de l’éclairer. Je pourrais me plaindre à Tuay de mal loger ses employés…

L'arrivée de l’eau le surprend encore une fois. Et il la voit, la transformation de Wyatt. Ses yeux détaillent cette double paupière qui vient écarter l’eau en surplus, les écailles qui se forment. C’est fascinant, attirant un petit regain d’intérêt pour le jeune homme. Même s’il arrivait souvent de voir des êtres se métamorphoser sous plusieurs conditions, celle de Wyatt semblait quelque peu handicapante, car l’eau, il y en a partout à peu près. Mais surtout, elle lui va étrangement bien. Il n’est pas repoussant comme d’autre pour l’être. Lui demandant alors de l’aide, Bar hoche la tête, tendant la main pour lui donner le scotch, avant de coincer la lumière dans sa bouche, se rapprochant pour maintenant les deux tuyaux ensembles. Il a dû mal à comprendre comment il a pu le faire aussi facilement - parce qu’il faut donc ajouter une force surhumaine aux capacités du léviathan - à ce stade, rien de bien étonnant - - mais il s’applique à démontrer la même résistance pour aider. Même si le toucher de la peau de Wyatt le déconcentre légèrement.

L’analogie à la bagarre et la blessure le fait sourire. Il est vrai que c’est impressionnant, le sang qui coule, mais la plupart du temps, c’est bon signe quand il s’agit d'une simple blessure. Ici, sans parler de couteaux ou d'armes à feux, Bar préfère toujours voir que le sang coule, pour ne pas avoir à chercher des cailloux perdus dans la plaie. (Témoigagne d’une sortie avec Phil) Une fois sûr que tout est bon, il se lève, quittant les côtés de Wyatt, pour sortir de l’appartement de nouveau et aller rallumer l’eau. Même Bangkok a commencé à baisser le son à cette heure de la nuit, n’ayant presque plus personne dans la rue. Bientôt, ceux qui travaillent à des heures impossibles du matin devront quitter leur foyer. Quel enfer… Revenant dans la maison, il a un peu peur de voir que tout à exploser de nouveau mais, ce n’est pas le cas. L’étau de ses poumons se dessèrent, réellement heureux que la situation soit réglée. Il lâche un profond soupire de soulagement, une main sur le torse, en inspirant juste après très doucement pour tenter de retrouver une tension normale.

-Merci, Wyatt. Vraiment je… Je sais pas comment j’aurais fait sans toi… Si je peux faire quoique ce soit pour te rembourser cette aide, dis-moi…

Quand il revient, tu sens tout son être tendu à ne plus savoir respirer et d'un coup tout se relâche quand il comprend que rien d'autre n'a pété. Son cœur reprend un rythme normal. Tu devrais avoir honte de le lire de la sorte mais c'est plus fort que toi. T'es à moitié à poil chez lui et ça choque personne? Toi tu es à l'aise, mais s'il croise que tu ne l'as pas senti te toucher tout à l'heure durant la réparation, il se plante. Tu as juste rien dit pour ne pas qu'il relâche les tuyaux sur ta tronche. Tu t'es contenté de déglutir, et tu as essayé de penser à autre chose, parce que tu aurais voulu plus que ça, mais tu ne peux pas te laisser aller comme ça, pas avoir lui.

Tu as bien compris, et Emma gardera le secret, du moins tu l'espères, qu'il te plait et tu veux apprendre comment l'approcher, comment l'apprivoiser et faire qu'il se sent bien. Tu ne veux pas qu'il te sente comme une obligation ou comme un devoir de redevance face à ton acte passé. Il a sauvé ton âme séculaire, ça vaut plusieurs vies humaines. Tu pourrais perdre ton éternité pour lui si un jour ça doit arriver. Tu ne sais pas pourquoi, t'y as pensé la dernière fois quand tu surveillais sur le toit du bâtiment. Tu as repenser à tout ce chemin que tu as fait, ces rencontres terribles qui t'ont mené ici, tous ces drames pour finir ici. Tout aurait perdu mille fois ta vie si tu n'avais pas été ce que tu es. Alors si jour, c'est le prix, et s'il en est la cause, tu le feras. Surtout depuis cette nuit, et d'autant plus avec sa réaction à ton attention de tout à l'heure. C'est comme ça. Peut être que ce serait de la folie pour d'autres espèces , mais votre code à vous est différent. Comment leur en parler, tu as déjà expliquer à Bar que vos femelles mangeaient leur progéniture à la naissance si les mâles ne leur volaient pas sous le nez... Partant de là, ce n'est pas très dur de comprendre que vos codes sont primitifs et triviaux. Tu as décidé que Bar était ton territoire , mais uniquement intérieurement, parce que tu ne peux le montrer tant qu'il n'aura pas décidé lui, de t'accorder plus d'approche. Mais ça ne te pose pas de soucis, tu as relevé des défis pire que celui-là et pour moins d'intérêts que ça.  

Tu t'approches de lui, haussant un sourcil quand il te demande ce qu'il peut faire pour te remercier. Oh s'il savait à quel point c'est dangereux de te dire ça, et à toutes ces choses auxquelles tu oses penser. Pourtant tu ne montres rien. Après plus d'un siècle d'existence, il y a des choses qu'on maitrise , au grand damne des simples mortels. Tu essuies tes mains sur un torchon que tu as pris au passage, le regardant juste un temps, avant de relever les yeux sur lui, une fois proche. Tu approches ta main pour attrape une saleté collant à sa peau sur sa pommette, avant de passer le revers de ton index sur le bas de sa joue. Tu hésites, puis finalement tu jettes le torchon sur le coté, ta main sur son bras, le frôlant à peine. Tu passes derrière lui, glissant lentement ses mains entre ses flancs et ses bras sans trop le toucher, pour venir refermer tes bras autour de ton ventre. Ton corps touche son dos froid. Toi , ça fait un moment que le mécanisme de production de chaleur instinctive s'est mise en marche, tu n'es pas descendu en hypothermie, tu es même peut plus chaud que tu ne devrais. Tu l'as vu faire au club, peut être que ça lui fera du bien.

- Tu ne me dois rien... est-ce que tu veux que je reste pour te tenir chaud pour dormir... comme la dernière fois..? tu lui demandes très sérieux, concerné par son état. Tu touches son cou froid en remontant un peu le revers d'une main, surveillant inconsciemment son changement possible de constantes... puis tu poses sa joue contre sa tempe fraiche, ta voix toujours aussi posée. " Avec l'autre taré dehors, je ne veux pas te laisser seul... Tu sais que je suis réglo. Je te ferai aucun mal..."