1. UN BRAS DROIT ENFIN [BAO / TUAY]

- t'as cru que j'avais un gps dans le crâne? Vas falloir que tu m'indiques petit génie... Faut que je te rappelle où j'étais y'a encore un mois?

Tu t'arrêtes à un feu rouge, jetant ta clope finie par la fenêtre.

- sauf exception, je bois pas, je suis pas en retard et si je baise, tu le sauras pas.

Tuay le fixa un instant, avant de pointer l'itinéraire qui s'affichait sur le petit écran juste au-dessus de la boîte de vitesse.
- Ma parole, ils t'ont explosé des neurones en prison ? demanda-t-il, avant de rire, se mordillant la lèvre, amusé. Tu sais lire un GPS dis-moi ? Je commence à douter de ses compétences...
Il se réinstalla sur son siège, commençant à déboulonner la chemise ample qu'il avait enfilé avant de venir.
- Si tu baises dans mon club, je le saurais. dit-il simplement. Je suis pas mon père ou mon frère, ça marche pas de la meme maniere dans le coin, okay ?
Une fois les boutons ouverts, il se saisit des deux bouts de la chemise pour en faire un nœud, dévoilant son ventre.
- T'es plus mecs ou meufs ?
Il lui jeta un coup d'œil. Ce costume ne lui allait pas. Il allait faire tache. Va falloir qu'il se change et se mette dans son propre style.

Tu regardes l'écran... Putain un gps...
- c'était y'a dix sept ans , tu veux un dessin? Je suis bras droit pas chauffeur de bus.
Et avec tes gros doigts a coup sûr il va même pas comprendre tes adresses ce machin. La route est reprise, tu suis juste.
- t'en sauras rien. Déjà si tes dans le club, j'y suis aussi donc je taf.

Tu manques une pause , perplexe.
- Attends. Quel club?
Tu regardes sa tenue en fronçant les sourcils.
- hey. C'est quoi cette tenue.
T'as foutu ton propre sac de sport avec tes fringues sur la banquette arrière. Vous arrivez presque.
- tu veux pas savoir mes preferences, crois moi.

- Dix-sept ans... répéta-t-il. T'as quel âge ? Pour savoir si j'ai affaire à un ancêtre ou pas...
Il se regarda dans me rétroviseur pour vérifier son maquillage, avant de tourner son attention vers lui.
- Tant que tu tires ton coup avec des gens qui ne sont pas du groupe, tu fais ce que tu veux.
Aussitôt, il se déboutonna les boutons de son jean, pliant les rebords pour dévoiler toujours plus de sa tenue. Il glissa les doigts sous son vêtement pour relever son sous-vêtement qui remonta sur ses hanches.
- Club de strip. A ton avis, qui ramène le plus de tunes dans cette famille, hum ? repondit-il avec facilité.
- On en parle de ton costume ? Tu ressembles à un pingouin constipé.
De la poche de son pantalon, il en sortit son téléphone.
- Moi les mecs ! Que tu es un problème avec, je m'en fou.
Tuay pianota sur son écran, les pieds de nouveau sur le tableau de bord. L'isolent, enfin, dans toute sa splendeur.

- Un...
T'inspires, te frottant entre les yeux.
- 43 ans. Et arrete de te foutre de ma gueule, le vieux t'aurait jamais confié un business en pleine puberté. T'en es sorti d'ailleurs?
Et quand le poteau rose arrive, tu te demandes clairement si c'est pas une punition que t'as refilé le boss. Sans déconner, tu sors de taule et il te colle, un business de putes avec une gérant IMMATURE qui a limite un panneau "violez moi" sur la gueule.
- En taule, tu serais déjà plier en quatre dans une machine à laver par les autres... , que tu soupires. On va instaurer une règle sinon j'vais t'arracher la tête. Tu arrêtes de m'insulter. Et dégages tes pieds de l'dela. J'ai pas encore repris la main pour conduire. Tu sais c'qui va se passer si on a un accident? Tes genoux vont te rentrer dans la gueule et tu seras défigurer à vie, Mam'zelle Kardashian.
Tu desserres ta cravate qui te serre la gorge, et fait un ecart de route exprès pour voir sa réaction. Une bagnole klaxonne en face. Tu commences à dégager la veste par dessous la ceinture.
- Ptn et ça, ça fait chier aussi.

- Si tu savais, mes hormones ont jamais été aussi excités de toute ma vie ! ricana-t-il. Attention je pourrais te sauter dessus à tout moment...
Il rangea finalement ses jambes à leurs places, un demi-sourire aux lèvres. Même si Bao avait tenté de lui faire peur, il lui avait tout de même dit de bouger ses pieds. Ce que beaucoup d'autres n'eurent jamais fait avant lui. Il prenait son rôle trop à cœur.
- J'ai 23 ans... dit-il enfin. Et ce business, il me l'a donné pour m'occuper après mes études.
Sauf qu'il avait oublié que Tuay avait été dans les meilleurs de sa promo, qu'il excellait en communication et qu'ayant grandi dans le milieu, les gangsters n'étaient rien de plus que des petites mouches.
- Attend, je vais t'aider.
Faisant fi des bonnes manières, il pose les mains sur la chemise qu'il retire de son pantalon, avant de l'aider à se défaire de sa veste. Ça se voit que ce sont pas les habits qu'il porte habituellement. Comme Tuay, une fois sortie de la maison mère, c'est le retour à la réalité.

Gros comme il est, s'il te saute dessus, t'auras pas de mal à le maitriser, sauf qu'entre temps, probable que la voiture aura foncé dans je ne sais quoi. Tes pas pressé de finir à l'hopital honnetement.
- C'était quoi tes études?
Est-ce que tu t'interesses à lui? Un minimum non, c'est ton superieur. T'as l'air de quoi toi si tu sais pas à qui tu dois obéir. Et puis t'es curieux, tu l'admettras pas ouvertement mais tu l'es. Il est peut-être exubérant mais si effectement il gère ce business, pour s'occuper comme il dit, c'est qu'il ne doit pas être si con. Il ne sait juste pas se couvrir.
Et c'est là que ça dérape alors que tu tiens toujours le volant d'une main. Il te choppe la chemise, commençant à te dessaper en partie.
- Hey.
Tu le laisses faire mais tu mettras une limite s'il touche au pantalon. pas au volant, pas si vite et euh... ouais non. pas le pantalon ok. Tu vires la veste, puis la moitié de la chemise, retrogradant, puis l'autre partie, et te voilà torse poil , devant un excité sur pattes, qui va probablement examiner les tatouages qui plopent partout sur ton corps, le plus impressionnant étant probablement cette gueule béante pleine de crocs sur ton ventre.
- Tu crois pas qu'on devrait attendre d'être arriver?

- J'ai fait une licence de gestion, management et communication. Un long titre pour dire que je sais m'occuper d'une boîte quand on me la refourgue...

Parce que ce strip-club, quand il l'a reçu, c'était avec un effet de pomme empoisonnée. Sa mère était sensée avoir la main dessus mais avec ses sauts d'humeur et ses pulsions, elle n'avait fait que le ruiner jusqu'à le rendre inutile. Tuay, à peine sortie de ses études, avait été jeté au milieu des jeunes femmes qui demandaient du travail pour manger. Sauf qu'il avait fait mieux que de repeindre les murs et refaire l'éclairage. Mekh lae Seang était devenu une de ses adresses queer les plus prisées de la capitale. Le carré vip était son plus gros revenu d'ailleurs.
Bao sans chemise, c'est un Bao à découvert et wouaw ! Tuay louche sur les tatouages, aussi fasciné qu'un enfant. Des corps nus, il en avait vu, ce n'était pas la question. Un corps comme celui là, jamais. Ses doigts frôlèrent la peau encrée, avant d'être soudainement ramène sur terre par son bras droit.

- Pourquoi ? Pour te changer ? Tu le feras dans le parking, ça évitera de hum... Ses yeux se portèrent sur le ventre de l'autre, distrait quelque peu. ...de... de te froutre la honte.

- ça évitera de quoi ?
Tu tournes les yeux un instant sur lui, alors qu'il a ses mains sur tes tatouages. De Hum? C'est quoi Hum? De te foutre la honte? Vas y mais... ta grand main monte sur son visage et tu le repousses en grognant.
- T'en loupes pas une hein! Dis que je suis horrible à regarder aussi. Fais avec, c'est les marques de la vie.
Il t'a vexé? T'en sais rien, mais t'aimes pas qu'on te juge. Tu le sais, t'as des balafres, des marques, t'es pas un top model. Putain et ta tête elle touche presque le plafond, faut que tu te trouves une vraie voiture. la plupart des berlines sont trop basses pour toi. T'envoies ton bras en arrière, pour tirer le sac de sport, tout en conduisant, l'ouvre sec et tes doigts touchent le tissu micro aéré que tu cherches, un tee shirt noir. Tu le tires et commences à l'enfiler. Et la route va pas tout droit , mais pour le moment vous êtes en vie.

Ainsi repoussé, Tuay peut détacher son regard du corps de l'autre et se remettre de son coup de chaud. C'est sur, il n'y en avait pas deux comme Bao.
- J'ai pas dit ça ! s'offense-t-il. Tu es tellement canon que ça foutrait les ovaires de mes nanas en l'air, alors vas-y, couvre-toi !
43 ans ça ? La vache... La voiture fait des écarts, mais Tuay reste simplement accrocher à la portière. On dirait des montagnes russes. FUN ! Il n'a pas vraiment arrêté de le regarder non plus, lui jetant des regards en biais. Reconnaissant alors la rue, il se redresse, pointant vers une entrée de parking.
- Tourne ici. On est arrivé.

Tu le prends dans la gueule commeun camion. PARDON? Il a dit quoi ? Tu fais les allers retours entre lui et la route. mais il dit que des conneries ce gosse ou bien? Genre, tu dois te couvrir pour faire envie à personne?
- Et c'est toi qui dit ça? On voit ton ventre j'te signale!
Et il te prévient au dernier moment. Vos allez vous tuer à cette allure. La bagnole fait une embardée, et s'arrête brutalement devant deux types qui attendaient visiblement le boss des lieux et qui regardent choqués cette arrivée on ne peut plus bordélique. Le pneu a tapé le trottoir. T'as juste eu le temps de mettre ton tee shirt que tu sors, sans meme poser de question et jette les clefs au mec devant.
- Cette voiture, plus jamais. Vous me trouvez un truc haut sur roue, qui passe partout!
Il ouvre la portière arrière et commence à se dessaper. C'est bon la pudeur, on reverra hein. Dix sept à prendre sa douche à vingt ou trente, c'est pas ça qui va lui pose problème. Il enfile un jean solide, large, ceinture, blouson de cuir et remet toutes ses bagues et ses piercings. Ca soule leur protocole à la con, au bureau mère. Comme s'il avait que ça à à faire.

- Mon ventre excite personne !
C'était sans doute pas une bonne idée d'à moitié s'engueuler dans une voiture en route, mais au pire, il n'avait sur la vie à perdre. La manière dont il arrive fit exploser de rire Tuay qui sortie dans le soleil de Bangkok, tout splendeur qu'il est. Il ignora Bao en train de se changer, préférant saluer les deux hommes qui lui sourirent en retour. L'un d'eux siffla Bao en le voyant mettre sa veste en cuir.
- Phil ! Arrête ! le prévint Tuay, cachant son propre sourire. Rangez la voiture, vous voulez bien ? Un homme de mon père viendra la récupérer demain. Tout le monde est là ?
- Yep ! répondit le deuxième, Bar, les mains dans les poches, une clope à moitié finie dans la bouche. Tout le monde t'attend à vrai dire, on pensait pas que tu prendrais autant de temps.
- Mmm... mais j'ai ramené un invité !
Il claqua des doigts devant les yeux de Phil qui ne lâchait pas Bao, avant de se tourner vers ce dernier.
- T'es bien mieux comme ça ! Aller viens, je suis en retard !
Et il s'engagea vers le bâtiment, sans même se gêner pour savoir s'il le suivait ou pas.