1. UN BRAS DROIT ENFIN [BAO / TUAY]

Aujourd'hui, pour la famille c'est un jour a marquer d'une croix blanche. Pourquoi? Toi t'en sais rien, tu sais juste que t'es revenu vers eux, que même en taule tu leur étais loyal et tu t'occupais de leurs affaires aussi derrière les barreaux. Ton vieux devient un peu rouillé mais ça reste un daron et même si aujourd'hui tu le respectes encore, il a bien vu le jour où t'es revenu que son fils, celui qu'il a vu grandir était bien loin de son autorité. Le boss et lui, sont très proches, tu le sais et tu respectes, mais ça ne changera rien. Tu es convoqué. Pour un poste important qu'il a dit le daron. Tout le monde sait que vous n'avez pas de biens matériels , ton daron crèche chez le boss, il vit pour lui. Il a fallu que tu te démerdes à ta sortie, alors le taf, tu vas le prendre peu importe ce que c'est. Tu passes la porte quand on te dit, et t'écrases un peu le lieu de ta présence sans le vouloir. Ça a toujours été le cas depuis que tu as basculé. 1m90 pour 90 kilos, et cette gueule béante d'alien de tatoué sur ton bide, très bras noircis d'encre, très traits tirés, un démon qu'ils disaient en taule. Tu t'en foutais. Ça se rapprochait un peu trop de la vérité pour les contredire, et ils te foutaient la paix.

Ils t'ont tous regardé. Ça , par contre, tu n'aimes pas. L'ombre c'est ton monde, pas... Ça. Tu ne dis rien. Le vieux boss te montre un fauteuil.

- Bao, tu connais mon bras droit, puisque c'est ton père. Voici mes deux fils que tu as connus tout petits avant d'être incarcérés. Thawan et Tuay. Je vous demande de respecter cet homme, tous les deux, il a fait plus pour la famille, jusqu'à se sacrifier pour d'autres, que la plupart d'entre nous.

Ah c'était la version officielle? Ils avaient lavé sa bavure en dix sept ans? Non parce que tu y as pris du plaisir hein. objection? Tu peux lui dire que c'était cool? Non en fait tu vas te taire. S'ils préfèrent penser que tu es honorable, tant mieux. Mais toi tu le sais tu ne l'es pas. Et pourquoi il te fixe mal l'autre playboy la? Tu parles pas du plus jeune. Non l'autre, que tu ne sens pas.  Il a un complexe à soigner? Il veut de l'aide?

Bien , les présentations faites. Bao, je t'ai convoqué parce qu'il est temps que Tuay, tu aies un bras droit.

Le bureau de son père, c'était une pièce qu'il n'aimait pas beaucoup. La déco est moche, les tapis vraiment hideux, le mobilier à vomir. Mais Tuay affectionnait les fauteuils. Il était d'ailleurs assis dessus, les jambes passées par dessus l'accoudoir, faisant dos à l'entrée. Il écoutait d'une oreille distraite la conversation entre son père et son frère. Il ne savait même pas pourquoi il était là aussi tôt. C'est qu'il travaillait tard lui...

Lorsque la porte s'ouvrit, Tuay bascula la tête en arrière pour voir le nouvel arrivant. Oh... Même lors de la présentation, Tuay ne changea pas de position, ne faisant qu'un geste à son prénom pour lui dire qui il était. Thawan lui donna un coup dans le genoux pour qu'il se lève, ce à quoi Tuay répondit par un coup sur son bras en retour.

-Ew, me touche pas. chuchota-t-il en fusillant son frère avant de finalement se lever.
Heureusement, car on parlait de lui. L'annonce le fit sourire, à la fois incrédule et heureux.

-Un bras droit ?! For real ?!

Cette fois la tête a l'endroit, il pouvait clairement voir le nouveau venu. Bao. Il n'était pas de ces visages que l'on voit souvent. Mais Tuay avait vu beaucoup de monde dans sa encore si courte vie.

Tu tournes les yeux sur celui qui lève la main, la tête en arrière, quand le boss le désigne. C’est une blague? Et en plus ça se chamaille entre frêres? Pourquoi n’a-t-il toujours pas de bras droit le gringalet? Tuay, c’est ça? Est-ce qu’il est dangereux sous ses airs androgynes, parce que même si d’ici, tu le trouves assez attractif, tu te demandes vraiment si une créature comme lui est capable d’être dangereux comme devraient l’être les fils de cette famille. Bon l’autre, t’a aucun doute, quoi qu’il faut la aussi établir une échelle de dangerosité et ce qui compte ou pas.

Tu le regardes se lever, bouger, tu analyses sa silhouette.

- Tuay, ce n’est pas un jeu, que rajoute le père en haussant les sourcils et le montrant de son index décoré de la chevalière familiale. Il est censé te ramener sur le droit chemin, loin de tes paillettes, de tes rêves de Diva. tu es en âge de comprendre que ce qui t’attend n’est pas une armée de pole dance!

Le ton est haussé, le ton est donné. Toi, tu fronces un sourcil, imaginant le cadet sur une barre de pole dance. Tu fermes les yeux, pour reprendre le contrôle, la prison fait beaucoup de mal aux hormones, beaucoup.

- Je n’ai pas fait dix sept ans de prison pour faire babysitter de Marry Poppins, Monsieur.

Tu es droit, imperturbable, le visage impénétrable, tu n’es pas content? Pas vraiment, c’est ta tête de tous les jours.

- Détrompe-toi, ce petit effronté est bien pire que son frêre à gérer, et si toi tu n’y arrives pas, je ne sais pas ce que je vais faire de lui… , soupire-t-il, puis il jette un regard vers Tuay. Oui c’est de toi que je parle.

Thawan ricane, croisant les bras en attendant de voir comment son frère va gérer cette situation. Tuay savait se tourner en ridicule avec une facilité déconcertante. Il ricana même en entendant le surnom. Les deux frères ne se ressemblaient pas du tout, l'un battit pour supporter le poids de ses responsabilités et l'autre aussi fragile qu'une brindille qu'un souffle briserait en deux. Mais le sourire de Tuay était rayonnant.

- Moi ? Mais je suis un ange, voyons ! Il se tourna vers Bao, le saluant d'une révérence élégante.
- Tuay ! siffla son frère. Arrête, tu es ridicule.

Mais bien dans son ignorance, le plus jeune offrit un sourire à Bao. Il était grand, imposant, sévère. De quoi le casser en deux... s'il en avait le courage.

- Tu ne veux pas me baby-sitter... parce que tu as peur d'y laisser des plumes ? demanda-t-il à son désormais bras droit.

Aussi étrange que ça ne puisse paraitre, ce petit merdeux te fait pensé à un gamin que t'as du protéger en taule, un certain Hisai. Moins princesse que lui, mais doué pour se foutre dans la merde et s'en sortir avec des accrobaties distrayantes. ( à jouer plus tard qui sait XD). Et toujours contre Hisai, des mecs qui se pensaient au dessus de tout comme Thawan, que rien ne semblait démonter, et c'est justement ceux-là que t'aimais démonter et soumettre sans aucune limite. La révérence, la réaction du frère, tout te renvoie en arrière et déclenche en toi un réflexe de position. Personne ne peut comprendre, mais ton regard toisant ne se détache plus de Tuay, sauf pour aller dans le regard de ceux du frère, qu’il détaille en silence avec froideur. Tuay s’adresse alors à toi avec audace et provocation, te faisant hausser un sourcil? Pardon? Il te fait refocus sur lui et tu plisses les yeux , t’approchant de lui lentement sous les yeux de ses aînés. Au pire, ton boss te recadrera.

Tu t’arrêtes devant Tuay, tu fais une tête de plus, et tu le porterais sans mal comme une pucelle sur l’épaule vu sa carrure. Tu plonges ta main dans ta poche pour en sortir une clope, et l’allumer, et bien entendu ta première bouffée finit dans le visage de l’éphèbe, le toisant toujours.

- T'as combien de vies?

Recevoir de la fumée dans la figure, c'était habituel. S'occuper d'une boîte de strip rendait aussi robuste qu'une statue de marbre face à la provocation. Tuay croisa les bras, relevant ses yeux de biches vers Bao.

- Pour toi ? Autant que tu le désires...

- Tuay ! gronda Thawan derrière lui.

L'interpelé roula des yeux, avant de se retourner vers son frère.
- Quoi ?
- Pas de provocation ici, tu es à la maison mère.
- Mffp...
Pourtant, il ne bougea pas, restant devant Bao. Il agissait comme un gamin pourri gâté, provoquant, insupportable. Mais ce n'était que pour les apparences. Ici, toute la famille était censée être harmonieuse, soudée, pacifique et surtout, loyale. Mais lorsque l'on sortait, tous les coups bas étaient permis.

T'es étonné de voir qu'il ne cille pas devant la fumée, et ça te rend curieux. Il n'est peut être pas si fragile qu'il le montre, et si vraiment c'est le mioche que t'as connu y'a presque vingt ans, il a forcément grandi dans le milieu. Et tu sais comment ça se passe. Son culot, te tire un ritus très discrêt en coin, mais le boss voit la lueur bizarre dans ton regard qui change et comprend. Il ne s'est pas trompé.

Et l'ainé s'en mèle encore. Tu les observes, fumant, la main dans la poche.
- Faites comme si j'étais pas là. J'sais que t'es le fils du boss Thawan, mais jusqu'à preuve du contraire, c'est à moi de fixer les limites avec lui et pas à toi de le faire. Et je préfère l'arrogance à l'hypocrisie. A bon entendeur, que tu lui lâches en heurtant ton regard au sien.
Tu sais que tu vas l'énerver. Et? Qu'il t'envoie ses chiens si besoin, tu te feras un plaisir. Que ça lui plaise ou non, le gamin est de retour dans la course si tu bosses pour lui. Il ne pourra plus lui marcher dessus comme il veut. Le boss sourit en coin et tape sur le bureau.
- J'aime ça AHAH ! Allez tout le monde dehors, allez réglez tout ça ailleurs, j'ai à faire. Bao souviens toi juste d'une chose, à présent ton allégeance n'est plus à moi, ni à aucun de ce clan, mais à Tuay, et ce jusqu'à nouvel ordre.

Chez les Chaemchamrat, Tuay n'avait jamais été en terrain ami. Sa mère le détestait par sa simple existence, résultat son frère le haïssait par convenience. Son père lui portait un minimum d'affection, qu'il lui montrait par de l'argent et une réponse à ses caprices avec une poignée de fer. Il avait couvert les premiers problèmes que lui avait causé Tuay, autant pour sa réputation et leur sécurité. S'il n'était pas son fils dans le sang, il l'était sur les papiers et ça lui suffisait. Alors lorsque Bao répondit à la remontrance que lui faisait son frère, Tuay comprit qu'il avait, à défaut d'un ami, un allié, chose rare en ces lieux où tout le monde montrait patte blanche à Thawan.
Saluant son père les mains liés, poli comme à son habitude, Tuay se retourna vers Bao et lui sourit encore une fois. Il était à ses ordres maintenant. Wouah... Que ça allait être amusant ! De sa démarche de star, il sortie du bureau, heureux comme un petit garçon. Même les regards des deux gardes du corps sur lui ne purent détruire sa bonne humeur.
- On va faire de belles choses ensemble, Bao !

Thawan ne t'aime pas, on dirait. Tu ne lui obéis pas, ne fais pas de courbette, tu fumes même a quelques mètres de lui. Et alors. T'as le double de son âge et plus de squelettes, de muscles, de tatouages peut-être même de dents que lui. Ont ils seulement perdu leurs dents de lait ces deux là? D'un regard entendu avec ton père, tu tournes les talons, t'as juste enfile le costume qui va, on t'en a filé un hier, paraît que ta tenue grunge de motard c'était pas adéquat a cette réunion. Parce que Tuay l'était, lui, adéquat? Tu emboîtes le pas, l'entendant dire que vous allez faire de grandes choses. Tu te masses le nez entre deux tags, te disant que tu vas en chier. Cela dit, si t'arrives à foutre en berne le grand frère, et foutre Tuay sur le futur trône, tu seras peinard a vie. Les couloirs s'enchaînent, tu le suis.
- hey. Tu m'embarque où comme ça?

- On sort d'ici, cet endroit me déteste et moi aussi... répondit-il calmement.
Les portes de l'entrée s'ouvrirent pour eux, et quelqu'un arriva avec une voiture. Tuay récupéra les clés et les tendit à Bao, sa gueule d'ange en arme de convenience.

- Tu sais conduire, j'espère ?

D'habitude, c'était un des conducteurs de son père qui l'emmenait. Mais s'il devait avoir un bras droit, il fallait au moins profiter de la liberté que ça lui offrait. Ouvrant la porte passager, il grimpa dans le véhicule, sans même un regard en arrière.

Tu récupères les clefs, et ta langue passe sur tes canines. Ah tu dois conduire. Tu fixes les clefs. Dans tes souvenirs, toi et le code de la route c'était un peu la guerre. Clope au bec, tu discutes pas trop. Après tout c'est lui qui veut que tu conduises. Tu supposes qu'il assumera si t'as un problème.
- Si t'es en vie demain ça voudra dire que oui.
Tu t'installes, démarres et t'engages dans la circulation. C'est le genre de truc qui ne se perd pas et pain ce que ça fait du bien. Bangkok n'a pas vraiment changé, excepté un peu plus de technologies. Tu restes silencieux attendant les ordres. T'es pas sensé te mêler de sa vie si?
- on va... Où ?
Non parce que t'en sais rien.

Une fois dans la voiture, Tuay mit ses pieds sur la tableau de bord. Ce n'était pas sa caisse, mais celle de son père, celle qui était venu le chercher tout à l'heure.

- Au club, je dois te présenter, ricana-t-il alors. Le Mekh lae Seang.

Nuages et lumières. Son club. Tuay se redressa pour entrer l'adresse dans le GPS dans la console attacher au tableau.

- J'ai trois règles. De un, tu arrives sobre au travail. Deux, tu arrives à l'heure. Trois, évite de te taper une ou un de mes employés, j'ai pas à gérer vos histoires de cul en cas de cœurs brisés.